Quatre personnes ont été jugées par les assises du Tribunal de Grande Instance d’Evry le 11 octobre dernier parce que elles avaient infligé des sévices corporelles à Antoinette, une jeune femme camerounaise dans un appartement en banlieue parisienne, à Grigny, dans la nuit du 5 au 6 mai 2011, pour l’exorciser d’un démon.
La Cour a prononcé l’arrêt. Elle a retenu la séquestration mais pas le chef d’accusation d’actes de torture ou de barbarie. La peine la plus lourde a été prononcée à l’encontre d’Eric Derond, considéré comme le meneur de cette affaire: 6 ans de prison. Philippe Grego et Lise-Michelle Babin, la mère de Eric Derond, ont écopé de 5 ans de prison dont un an avec sursis. Lionel Fremor, de son côté est condamné à trois ans ferme. Les accusés ont déjà passé deux ans et cinq mois en détention provisoire.
« J'aurais aimé que ce que l'avocate générale avait demandé soit exécuté, parce que je pense que ce sont des individus dangereux, surtout Eric Derond », a déclaré Antoinette juste après le verdict. « C'est une décision insuffisante au regard de ce que j'attendais. Qu'on ne retienne pas la torture me gêne beaucoup », a ajouté Me Christophe René, l'avocat de la famille de la victime.
Les exorcistes d'Evry ne sont pas membres de l’église adventiste
Ces personnes d'origine antillaise, avaient été membres de l'Église adventiste du septième jour de Paris-Est. Ils en ont été exclus bien avant de commettre leur délit. Le problème est qu’ils utilisent toujours le nom « adventiste » comme d’un label alors qu’ils ne fréquentaient plus l’Église depuis plusieurs années, disait pasteur Jean-Paul Barquon, secrétaire général de l’Union des Fédérations adventistes de France (UFA).
Au cours de son cheminement et de sa croissance spirituelle, un membre peut aisément évoluer, renier sa foi et abandonner son engagement. L'organisation adventiste affirme clairement dans son règlement : « Nous reconnaissons que la vraie religion est fondée sur la conscience et la conviction. En conséquence, nous veillons à ce qu'aucun intérêt égoïste ou avantage temporel ne poussent une personne à se joindre à notre communauté et à ce qu'aucun lien ne retienne un membre de notre Église à adhérer à une croyance ou à une conviction qui lui permette, par ce moyen, de trouver une relation authentique avec le Christ. Si un changement de conviction conduit un membre de notre Église à ne plus se sentir en harmonie avec la foi adventiste, nous lui reconnaissons non seulement le droit mais aussi la responsabilité de changer son affiliation religieuse en fonction de ses convictions, sans qu'il ait, pour cela, à subir l'opprobre. » (GC Working Policy, 2004-2005, p. 496).
L’Église adventiste et l’exorcisme
L’Église ne pratique pas de tels actes d’autant qu’aucun pasteur n’entre dans cette mouvance d’autant que la terminologie du mot « exorcisme » et son exercice pratique relèvent de la tradition catholique comme cela est étudié par les séminaristes lors de leurs études de théologie. Ce n’est pas le cas avec l’Église adventiste du septième jour même si les récits des évangiles montrent que Jésus guérissait les malades et chassait les démons.
Depuis l’époque biblique, la science médicale a fait bien des progrès dans différents domaines. Les adventistes le savent alors qu’ils ont une oeuvre médical avec l’établissement d’hôpitaux, de cliniques et de dispensaires dans le monde.
Dans des cas particuliers et dans certains territoires, des missionnaires sont amenés à découvrir des situations spécifiques de possessions. Dans son approche pastorale, le pasteur est appelé à prier pour la personne en présence de deux ou trois témoins, souvent des anciens de l’église locale. Pendant ce temps, les membres de la paroisse sont incités à intercéder par la prière et parfois par le jeûne. Mais dans aucun cas, les membres laïcs sont appelés à se substituer à cet acte si particulier.
Les adventistes n’ont pas la réputation d’utiliser ou d’avoir le don de chasser des démons. Cette orientation ne figure ni dans leur Manuel d’église, ni dans le Manuel pastoral et n’est pas enseignée dans leurs universités ou dans leurs facultés de théologie dans le monde.